Sans doute très influencé par son Andalousie natale, par les échos des vers de Machado et du mythe de la Barraca de Lorca, bercé par les chants et les rythmes des gitans et gadgés interprétant leur vécu aux accords d’une guitare, marqué dans son adolescence par l’importance de la parole et du silence au moment charnière du passage de la dictature à la démocratie, Fausto Olivares ressent le besoin d’explorer la force concrète, physique, dynamisante ou inhibitrice de la parole, complémentaire de l’expression écrite, mais possédant sa vie propre.
En conjuguant des études littéraires avec la pratique de la scène, il en vient à orienter sa démarche professionnelle vers la mise en place d’actions d’expériences théâtrales. C’est en effet par l’expérience, c’est à dire par la mise en action du corps entier, que l’individu peut appréhender (puis maîtriser) sa propre oralité, l’expression de soi.
Par le voyage, par l’itinérance, par la rencontre avec d’autres modalités, l’individu enrichit sa palette et s’ouvre à d’autres possibles. C’est dans ce sens que Fausto Olivares intervient dans les trois aspects de sa vie professionnelle : le théâtre, l’expression orale, l’itinérance ; que ce soit dans ses interprétations et mises en scène ou dans sa pratique de formateur.
Comédien
Du théâtre traditionnel en salle au théâtre de rue, du théâtre de marionnettes au théâtre masqué, du théâtre pour enfants à des formes expérimentales et happenings, du clown à l’improvisation, des spectacles de chants de marins aux traités scientifiques… chaque projet devenait une invitation à un nouveau voyage, qui permettait de mesurer l’écart entre les différents dispositifs.
De ce déménagement perpétuel, Fausto Olivares a retenu la conviction suivante : on ne peut faire les choses à moitié. Si on s’oriente vers une direction, il ne faut pas regretter les choix précédents, car ce sont des bagages qui nous rendent plus forts ; mais il faut être capable, dans l’instant, d’oublier tout ce que l’on sait pour aborder une nouvelle technique, un nouveau public, un nouveau metteur en scène… Se fondre dans les nouvelles conditions proposées pour que le voyage soit enrichissant pour tous : voyageur et population rencontrée.
Metteur en scène
Il existe un triangle infernal pour le metteur en scène. Il doit se débattre entre le désir de laisser libre cours à son expression individuelle, le besoin de mettre en harmonie -ou en tension- le texte et l’équipe (acteurs, scénographes, éclairagistes, sonorisateurs…), et la mission qu’il se donne auprès du public :
- En tant qu’artiste, le metteur en scène voudrait imposer au reste du monde la forme qu’il a choisie pour laisser parler son soi profond.
- En tant que constructeur, il doit être capable de maîtriser des éléments dont la plupart (les autres artistes comédiens ou créateurs techniques) sont par nature non-maîtrisables.
- En tant que signataire d’un acte public, il doit compter avec l’accueil ou la réaction de ceux qui, en fin de comptes, justifient son travail, sa vie.
C’est en se débattant entre ces trois sommets du triangle que le metteur en scène fait des choix, s’accroche à ce qui lui semble réellement prioritaire, abandonne -souvent dans la douleur- ce qui paraît secondaire ou impossible à atteindre dans les conditions données.